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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 22:15

 

Pierre Bolle

priorite-sante.com

Sportif professionnel de 1980 à 1990, ma carrière a évolué du sport de haut niveau à l’enseignement. Une des questions que je me posais souvent à l’arrivée d’un Grand Prix Moto était la suivante : pourquoi aujourd’hui je suis (quasiment) au niveau des meilleurs, et demain pas forcément ? Le ''pourquoi'', mais surtout le ''comment réintégrer à loisir cet état d’excellence sportive'' ?
Aujourd'hui somato-thérapeute, bien évidemment j'ai été amené à rencontrer le monde de l’inconscient, sa pratique et son langage. Rares sont les sportifs et les entraîneurs qui ont une idée de l’importance de cette partie de ''l’être humain''. C’est l’activité que je tends à développer, en parallèle de mon activité thérapeutique : un accompagnement du sportif et de son entraîneur, au bénéfice de la performance.


L'inconscient, qu'il soit individuel, familial, trans-générationnel, ou collectif est toujours actif. A fortiori dans le sport où, le stress de la compétition aidant, il est en quelque sorte potentialisé.


A l'issue de ma carrière, en parallèle de ma recherche sur les états d'excellence sportive, j'ai été amené à réaliser que la quasi totalité de mes méformes ou de mes chutes provenaient de réactions inconscientes. En fait des souvenirs non intégrés, étaient passés dans cette partie de moi qui n'oublie rien et se superposaient au présent lorsque je rencontrais une ambiance, une image... qui réveillait ces souvenirs. Outre la réminiscence d'une peur, cela me coupait d'une partie de mon corps qui se « stressait » et cela provoquait des humeurs ou des mouvements involontaires.

Depuis lors, dans ma pratique professionnelle, je fus amené à me rendre compte que ceci n'était en aucune façon réservé aux sports mécaniques et que même sur un terrain d'athlétisme, un stade ou dans une piscine, l'inconscient est toujours présent, quel que soit le niveau du sportif : athlète qui est « coupé » de ses jambes, ce qui empêche la mobilisation de la totalité de l'être dans la performance. Ou nageur qui a un micro-mouvement perturbateur, ce qui génère une coupure de fluidité, voire une absence, fut-elle infime. Le plus remarquable est que cela se passe à l'insu du sportif.

De plus, souvent, une partie de l'athlète n'est pas mobilisée, voire même travaille à l'opposé de l'effort. Les entraîneurs nationaux avec lesquels j'ai collaboré commencent à en prendre conscience, et même parfois se rendent compte qu'ils peuvent avoir un rôle dans cette limitation.

En effet, il est fréquent que l'entraîneur ou le manager sente plus ou moins consciemment la douleur, la faille de son poulain. Il va ainsi articuler la motivation de l'athlète autour de cette limite. Mais, être un jour en dessous d'une limitation, le suivant au dessus, c'est toujours être autour d'une entrave alors que l'athlète peut souvent avoir un potentiel bien supérieur.


J’ai dit que la connaissance de l’importance de l’inconscient est rare dans le sport. Rare ne veut pas dire jamais, aussi laissez-moi vous conter une histoire. 


Valentino et le GPS.

Pendant ma carrière, j’ai croisé un pilote du nom de Graziano Rossi, le père du «dieu » de la moto actuelle : Valentino Rossi. Papa Rossi avait quelques particularités : d’allure décontractée à la « Jésus Christ Superstar », il semblait en décalage avec le début du professionnalisme de ce sport. Alors que tous, nous rivalisions avec les plus belles voitures du marché en arrivant dans les paddocks moto, lui au contraire arrivait en toute simplicité avec une Peugeot 404 du type que l’on voyait sur les chantiers. Tout un symbole ! Ceci pourrat-il montrer un certaine travail personnel voire une certaine spiritualité ?

Spiritualité et symbolisme, les clefs du champion ? Et pourquoi pas.

Monsieur Rossi père a vécu les années de Freddie Spencer, autre superstar de la moto qui révolutionna l’art du pilotage, alors enfermé dans un certain classicisme.
Qu’avait-il de plus ce champion ? J’ai pu l’observer et même le suivre (trop rarement) lors d’essais qualificatifs. Directement observable par tout un chacun, sa « spiritualité ». Premier message à la fois inconscient et important pour ce futur champion : ma limite n’est pas au niveau parental, puisqu’il y a plus grand : Dieu.
Clef importante qui sort l’enfant de l’identification à ses seuls parents pour lui proposer autre chose, quelque chose grand, de beau, de sublime… Les qualités d’un champion ?
L'objectif inconscient de Spencer était en quelque sorte l’équivalent de Dieu, et son chemin sera la moto.
Et « grand », il l’a été dans ce sport.

Fort de cette observation, peut-être Monsieur Rossi, pourrait-il se trouver bien accompagné par un Gourou ? un Psy ? un Symboliste ? Disons un GouPsySymb ou GPS et chacun choisira, l’important étant de trouver son chemin…
Et si ce cheminement vers l'excellence sportive, après observation, analyse, et assimilation, avait été transmis à son propre fils, Valentino ?


La puissance de l'inconscient et de ses symboles, est ainsi mise au service de la performance.

L’enfant qui vient de naître voit ses parents tels des dieux, cette grosse voix qui vibre bien loin au-dessus de lui, dans ce jour naissant. C’est impressionnant ! Cette douceur, cette chaleur, ce lait qui le nourrit, ne serait-ce pas la source de la vie ? Et de l’amour ? Ils peuvent devenir les symboles inconscients de sa vie future. C’est souvent le cas. Et si quelqu'un utilisait ces empreintes mémorielles, qui vont jusqu’au coeur de chacune de nos cellules ? Si cela libérait Valentino de ses propres limites en se servant d’autres leviers pour son inconscient ? Et si cela l’aidait à être entièrement lui-même, avec le moins de limitations possibles ?


Développement personnel.

Un entretien que j'ai eu avec Antonio Gimenez, fut pour moi assez fructueux. Antonio s’occupe des acquisitions de données, tous ces capteurs d’informations dont les motos, à l’instar des F1, sont truffées.

Plus que les données c’est la façon de travailler et celle de communiquer qui m'ont intéressé. Le parallèle entre Max Biaggi, autre champion longtemps rival de Rossi, est éloquent. Max, c'est le cartésien par définition. Pour lui, un circuit c’est tant de virages, découpés en tant de secteurs, qui…etc. Et tout doit être parfait quitte à s’emm… la vie, et celle des autres, afin d'arriver à la perfection visée.

Rossi, lui, c’est du global, il règle sa moto pour le mieux dans l’ensemble. Il la sent et c’est l’ensemble qui doit être en accord. Si donc un endroit particulier est gênant, il y passe peu de temps et puis il laisse tomber s'il ne trouve pas la solution adéquate. Peut être un autre endroit solutionnera le premier problème. Ces qualités, sont plus proches de l’intuition et des perceptions globales propres à la petite enfance, et tout cela pour arriver à préciser le but. On ne focalise pas sur une bosse dans un virage, ce qui masquerait l’essentiel.
Nous retrouvons là quelques outils souvent employés en thérapies ou élaborés en certaines philosophies spiritualistes : le lâcher prise afin d'accéder au véritable but de l’existence. Cela signe un esprit assez libre qui associe les qualités dites du féminin à celles du masculin.

Le champion se trouve enfin débarrassé des rigueurs du cartésianisme trop logique et par là trop restreint, trop resserré, voir trop confiné. Rappelons-nous l’étymologie du mot « angoisse » : du latin angustia :  « défilé, passage resserré, gorge ».

Papa aurait ouvert le défilé (sans jeu de mots), il aurait permis une libération de l’être pour lui permettre une parfaite expression de son art. Très possible et louable de la part d’un père.

Nombre de personnes ayant approché Valentino font état d’une certaine féminité, quelques-uns disent même que quand il est là, le monde s’illumine...
J’ai souvenir qu’à une époque une polémique autour d'une certaine ''androgynie'' avait été soulevée.

Le milieu professionnel est unanime pour reconnaître que Valentino crée des trajectoires qu'il est le seul à sentir et à pouvoir emprunter...
La recette du champion, oui mais...???


Du développement à l’influence.

Oui mais, si de tels symboles inconscients peuvent être mis à profit pour libérer l'être et en faire un tel champion, toute chose ayant son envers, ne peuvent-ils être utilisés au déficit des autres ?


Dès le début de sa carrière, Valentino Rossi a confisqué la couleur jaune (moto, combinaison...) et a quasiment toujours porté un rappel de cette couleur. Le symbolisme de la couleur jaune c'est la spiritualité, le soleil, voire même Dieu.

Le chiffre 46, son numéro fétiche se trouve être un activateur de l’inconscient. Celui va juxtaposer 4 et 6 et donner 10. Les 10 commandements ou les 10 doigts des mains, symboles de l’action vers la couleur de sa moto jaune, vers l'être suprème. Les chiffres précédant le 10 représentent les pouvoirs divins. Le 10, lui, symbolise la somme de ces pouvoirs divins…
Rossi, même devenu champion, refusa le numéro 1 sur sa moto… Il le porta sur son épaule droite, pour être seulement visible par ceux qui le suivent…

Pendant un temps, son casque était orné du chiffre 1 et dessous « Il Laureato » autrement dit l’élu.

Longtemps il a arboré les couleurs d’une boisson italienne appelée Nastro Azurro : Ruban Azur en italien ou notre azur (phonétiquement). Marque affichée sur une casquette lors de la montée sur la première marche d’un podium...

Sur le bas de son dos, visible par tous les pilotes qui le suivent, on peut lire « The Doctor », titre réservé à ceux qui sauvent. Le sauveur de la moto ? C’est aussi celui qui sauve de la maladie, de la mort et redonne la vie. Un des dieux du 21ème siècle. Tout le corps médical autour des circuits porte des chasubles DOCTOR. Ce sont eux les garants de la vie du pilote lorsqu’il joue avec la mort.


Toutes ces images et ces symboles font partie intégrante de l'inconscient. Cela peut se focaliser vers une autre image : Dieu. Quand ces images ne sont pas filtrées par le mental, ne seraient-elles pas à même non seulement d'imprégner, et de fortifier le champion, mais aussi, éventuellement de manipuler les adversaires ?


Rossi a commencé en 125 puis 250 puis 500 cc (devenu aujourd’hui MotoGP) il annonçait à chaque fois une année pour apprendre, la suivante pour gagner. Pourrait-on en conclure : une année pour vous influencer, la suivante vous êtes cuits ? 

Son passage en catégorie reine est arrivé alors qu’il n’y avait plus de réelle tête d’affiche. Michael Doohan, multiple champion, annonce son retrait pour 1999, Rossi est monté l’année suivante en 2000. Plus facile d’arriver et d’installer une aura quand il n’y pas de réel combat. En fait Rossi n’a pas eu l’ombre d’une quelconque divinité au-dessus de lui.

Sa communication est toujours toute empreinte de symbolisme. Par exemple, après l’arrivée de ses courses victorieuses, durant le tour de décélération, il n’est pas rare qu’il soit rejoint par une troupe d’acteurs déguisés et incarnant une des grandes histoires de l’imaginaire collectif : Robin des Bois, Blanche Neige et les 7 nains… Tous cela devant les caméras du monde entier.

Qui est cet homme ? Le dieu de la moto ! Mais s’il met lui-même en scène l’histoire du monde, ce n’est pas que le dieu de la moto, c’est Dieu lui-même qui monte sur le podium.

A votre avis quels peuvent être les effets des petites phrases assassines, lancées à la manière d’un farfadet ou d’un comique à ses adversaires lorsqu’il grimpe les escaliers pour aller au podium ? Et cela, toujours devant les caméras, bien sûr.

Sete Giberneau, au lendemain d’un certain Grand Prix d’Espagne mémorable, doit encore s’en souvenir. Lui qui a vu sa carrière se briser sans aucune raison apparente. Quand c’est un simple concurrent qui vous lance une plaisanterie, c’est vite oublié. Mais si derrière l’image du comique, se surimpressionne une autre image, par exemple celle d'un dieu, quelle charge de culpabilité cette petite phrase va-t-elle induire ?

Cette aura fonctionne d'autant plus sur la piste qu'un pilote osant l'affronter se verra secrètement culpabilisé par un tel défi. Et il en ressentira les effets à posteriori.

Peut-être ses différents concurrents, je pense à Max Biaggi et à bien d’autres, pourraient s'ouvrir ici à quelques prises de conscience.


Et le présent ?

Pour le présent revenons en 2006. Un jeune homme du nom de Casey Stoner fait son apparition en GPMoto. Il roule à la manière d’un adolescent impulsif. Très rapide, mais beaucoup de chutes. Pas encore mûr, dit-on. Peut-être dans quelques années ?
C’est sans compter sur la Vie. L’inter saison 2006/2007 va amener à ce jeune pilote deux symboles très forts qui vont quasi instantanément le faire mûrir. La valeur n’attend pas le nombre des années, elle attend souvent un signe.
Casey épouse Adriana, son premier accès symbolique à la maturation : il devient un homme. Un deuxième message important arrive à l’inconscient du jeune homme. Papa et maman qui accompagnaient le «petit » rentrent au pays. C’est l’obtention du statut de papa-Dieu.

Papa, mon dieu inconscient, me signifie que je n’ai plus besoin de lui en rentrant au pays. Le fameux « Tu es un homme mon fils ».


L'apocalypse, mais pour qui...?

2007 va être l’année de la révélation de Casey Stoner, il n’est plus le même, assuré de son pilotage, ne chute plus, et est devenu quasi insuivable. Monsieur Casey Stoner est Champion du Monde.

L'équipe Rossi, les yeux et les oreilles grands ouverts doit peut-être s’amuser en prévision de 2008. Elle connaît tant et si bien les mécanismes inconscients qu’elle a déjà en poche les clefs du prochain titre. Car, loin d’être une défaite pour Valentino, 2007 va être le tremplin vers de nouveaux titres.
Il suffit de puiser dans les sources du symbolisme inconscient, celui qui permet de communiquer directement avec lui sans passer par le mental, celui qui peut mettre un frein à toutes performances du concurrent, sans que personne (ou presque) ne le voit.

« Si je remets Stoner en dessous de moi, je redeviens le dieu. »

Stoner roule sur une marque de pneumatiques différente de tous les autres champions (Bridgestone alors que Rossi est Michelin).
« Alors, répétons un coup comme le passage de Honda (dite la meilleure moto) à Yamaha (donc moins bonne) »

Rossi-dieu à été champion du monde avec la Yamaha, et pour cause. Le talent de ce pilote n’est certes pas à mettre en doute, mais l'atout supplémentaire se démontre quand un concurrent ne peut le doubler sans entrer dans la culpabilité. De tels exploits sont du niveau d’un dieu, surtout quand ce sont les autres qui vous les donnent inconsciemment.

Rossi passe effectivement chez Bridgestone. Un pneu rien de plus ? Non bien sûr, le pneu c’est mon lien entre la victoire et la défaite, la vie et la mort.
Mais aussi, mon pneu, c’est mon lien à la terre, mon lien avec mes racines, là d’où je viens. C’est aussi le rempart contre la glissade, la chute, l’angoisse de castration que nous connaissons bien.
Donc Valentino prend symboliquement une partie du pouvoir «divin » de Stoner. Celui d’un titre réalisé par un duo nouveau, le pilote et ses pneus.
« O ! Pneu, je dois mettre en doute ton réel pouvoir magique, aussi je vais mettre en doute tes qualités et faire des résultats moyens. Jusqu’à « dés-informer » les pneus de leurs pouvoirs parce que c’est moi, Dieu, qui les possède tous. » De sérieux doutes sur les Bridgestone ont en effet été émis au début de la saison.

« Je dois aussi te signifier, à toi Casey, que ce ne sont pas les pneus de tous que j’ai pris. Qu’en réalité ce sont Tes pneus, les Tiens, c’est Ta terre, Tes racines, Ta force, Ta vie que je prends en ma possession. Je vais même mettre ton angoisse en mon pouvoir. »

Stoner est australien, une grande partie du symbolisme originaire de ce pays se retrouve dans le langage aborigène. « Donc je vais porter sur mon casque, là où je suis le plus proche de celui qui est indépassable, tes propres origines, mon petit. Par-là je te dis que Ta terre est en ma possession et donc que tu ne peux être le plus grand puisque je te possède. » Deux monstres au bec denté ornent son casque. Des bêtes qui hantent nos rêves, rappelant Chronos qui dévore ses enfants...
«  Pour bien appuyer le message dans l’inconscient, je vais même te dire que j’ai pris tes parents (les liens aux origines) en mon pouvoir et réactivé ton angoisse de castration. »
Comment ranimer le « Non » du père, celui qui sépare l’enfant de sa maman et l'ouvre à l’extérieur, vers sa future femme ?

Valentino porte depuis longtemps deux symboles sur ses jambes. Le Soleil sur sa jambe droite et la Lune sur sa jambe gauche. Avec aussi de fréquents rappels sur des casquettes jaunes.

Empruntons le symbolisme employé par Madame Annick de Souzenelle, celui du corps humain. Aux pieds se trouve l’enfant qui vient de naître. Aux genoux, l’adolescence, le fameux « Je/Nous » de la séparation, celle qui provoque l’angoisse de castration qui est tellement indispensable à l’accession à l’âge adulte. Entre les deux le couple tibia-péroné et la montée de la libido.


Par ce message, il signifie aux inconscients qu'il est le dieu de tous les désirs, de toute création.


Etant maître de la « Terre » de Casey, de ses origines, ces deux symboles qui auparavent influaient sur tous les pilotes vont être spécifiquement tournés vers Stoner pour le réintroduire dans cette époque de l'angoisse de castration.


Le message est extrêmement puissant pour l’inconscient du jeune homme. Il vient en effet de recevoir l’ordre de retourner dans ce temps de l’adolescence. De plus Rossi, s’adjuge symboliquement des prérogatives sur la sexualité des parents Stoner… Se montrant comme leur créateur. Induisant même qu'il est le propre créateur de Casey. Et la boucle est bouclée. Culpabilité et angoisse pour l’adversaire.(*)

Lors des essais de pré-saison, le jeune champion « collait » environ 2 secondes à tout le monde. Les observateurs redoutaient une saison sans réelle bagarre, Casey a gagné le premier Grand Prix (Rossi portait les symboles) depuis le trio Stoner-Ducati-Bridgestone a parfois du mal… Et pour cause…


Au Grand Prix de France, l'effet sur l'inconscient est en route, Valentino gagne sans réelle lutte, Stoner doublé par ce dernier a reculé dans la hiérarchie jusqu'à la casse de son moteur...
Rossi marque sa 90ème victoire. Angel Nieto qui vient d'être égalé au nombre de victoires, le rejoint. Ils partent ensemble pour un tour d'honneur brandissant un drapeau illustrant le nombre de 1ère place de chacun : 90 + 90...

Grand Prix d'Italie, histoire de renforcer la culpabilité de ses adversaires, Rossi arbore un nouveau casque portant son visage avec deux énormes yeux. Big brother is watching you ? Ou serait-ce l'oeil de Dieu poursuivant Caïn, l'oeil qui vous juge. Le décor ciel azur, orné de nuages et d'éclairs jaunes accroît l'effet. Le Soleil et la Lune, sont aussi en bas du casque au niveau de la mâchoire, une fois encore Chronos dévore ses enfants...

Le maître mot de ce casque est : Culpabilité. Un commentateur de la chaîne Eurosport dira : « On a l'impression que quelqu'un roule droit sur la moto, sans casque » Eh oui !... Le casque protège des fautes, lui n'en a pas besoin puisqu'il est sans... Et bien sûr, son oeil les juge.

Scénario quasiment identique que celui du GP de France, où il passe facilement en tête sans contestation, Stoner ne peut lutter contre l'angoisse, et finit deuxième légèrement distancé. Serait-ce sa place ?

Chacun est vulnérable au travail de sape de tout langage secret, surtout quand on entend rivaliser avec Dieu. Nicky Hayden, l'autre pilote qui, en 2006, a lui aussi évincé Rossi du titre de champion du monde, double Valentino en début de course, puis, s'étant fait doubler de nouveau, va finir en fond de classement, étant même dépassé par des pilotes de bien moindre niveau...

Remarquons l'exploit de ce pilote, plus habitué aux places de derrière, et qui subitement fini 4ème après être parti 15ème ! Incroyable en GpMoto pour un tel pilote. Son nom, De Angelis, lui aurait-il subitement donné des ailes ?

Tous, sont inconsciemment déstabilisés, et leurs corps l'expriment nettement. Les interviews d'après course donnent un bon aperçu des ressentis intérieurs. Rossi, sûr de lui, tranquille et serein, Stoner et Dany Pedrosa, inquiets, recouvrent nerveusement leurs mains gauches de leurs mains droites, comme pour protéger le petit doigt... Casey effleure à plusieurs reprise son alliance...

N'oublions pas le geste de Rossi, qui met son majeur droit à l'oreille puis montre le ciel... Veut-il nous dire : « Ecoutez la parole divine » ? Ce message demeure à peine perceptible, sauf bien entendu pour l'inconscient.


Et la suite ?


Le message est solidement installé dans l'inconscient de ses adversaires, Rossi n'est plus l'homme à battre puisqu'il n'est pas dépassable. Certes, un pilote dans un geste « Prométhéen » peut rivaliser, voire gagner devant lui, car chaque concurrent possède sa vie personnelle dans laquelle il va tenter de vaincre cette angoisse. De plus, l'entourage se verra injustement aux prises avec une colère qui ne s'origine pas dans l'actualité du vécu. Cette libération « en famille » pouvant ouvrir temporairement l'accès à la victoire. Témoins : ces remarques des commentateurs de sport qui voient Stoner s'énerver facilement avec son équipe pendant les séances d'essais...

Autrement dit, l'actualité dans la vie de chacun peut amener des événements compensateurs qui modèrent l'action sur l'inconscient quand le sportif est en compétition. Parfois même un tel événement sera salvateur et permettra provisoirement la performance.

Mais, pouvons-nous gager d'une saison à égalité ? Que l'exploit d'une ou deux courses n'aura pas de mal à se renouveler ? La culpabilité aidant, chaque prétendant à la victoire se verra barrer la route au titre, non pas par ses adversaires, mais par lui-même.

Rivalité et violence mimétiques (*). Ce désir dans son savoir n'est-il pas uniquement tourné au profit d'un seul puisqu'il n'y a qu'un modèle ? Qu'elles seront les victimes émissaires ? A défaut du jeune homme qui se bat, ne pourraient-elles être, entre autres, ces pilotes sur Ducati, qui n'y arrivent pas ? Par exemple Marco Melandri qui, avec la même moto que Stoner, évolue en fond de classement ?

Quel message transparait pour nous tous à travers cette scène ? Faut-il rappeler que le « non » qui est ici en cause est celui de l'interdit de l'inceste ?



L'esprit au dessus de la matière ?


J'ai souvenir d'une année où, avec mon coéquipier, nous avions les même motos mais pas les mêmes caractères, et donc, deux styles de conduite différents. Là où je sentais le moteur et l'accompagnait à l'accélération, il ouvrait en grand. Là où je décomposais les vitesses au rétrogradage, il les « empilait » . Résultat, mon vilebrequin, pièce maîtresse du moteur où vient se fixer le piston faisait deux, voire trois courses pour une seule à mon coéquipier.

La rupture du moteur de Stoner au Mans n'aurait-elle pas pour origine un stress inconscient du pilote qui aurait changé sa conduite ? Transmis à la moto par ses gestes, cela la fragiliserait.


Question :

Et si des sportifs comme Zidane, Platini ou Michaël Jordan, excellents passeurs, avaient tous trois une particularité commune ? Que ce « don », loin d'être unique, pouvait se travailler ?

Un sportif, dans la dynamique de sa carrière, ne désire que très rarement revenir sur ses douleurs. Quelle que soit la thérapie proposée, elles fonctionnent en général par le retour sur le passé, un retour au source de la douleur en quelque sorte. C'est pourquoi j'ai développé une autre façon de travailler.

Un travail analytique classique propose souvent une recherche disons intellectuelle de la connaissance du problème. Bien souvent source inconsciente d'une course à la preuve, de la recherche du « coupable » ce qui pourrait faire traîner la guérison. Précision millimétrique du qui, quoi et pourquoi vecteur de retours incessants à la douleur.

La nature de l'être humain dans sa chronologie, depuis la vie intra-utérine, en passant par la naissance, puis l'enfance et l'adolescence, jusqu'à l'individuation adulte nous montre un rythme qui va du global et corporel, vers la vie et son mouvement. C'est donc tout l'inverse de l'actuel objectivation et d'une rationalisation excessives.

C'est donc dans cette perspective que je pratique avec le sportif, au niveau du sensoriel. Par la prise en compte d'une vibration corporelle mal orientée, et qui donc freine la perfomance. Et cela ouvre la porte au but visé. La prise de conscience, si elle doit avoir lieu, se fera par la suite.


L'accompagnement individuel que je pratique prends en compte le sportif dans tout son potentiel, il prends appui sur ce point de départ afin qu'il trouve son dynamisme et puisse améliorer sa performance.

Pour l'entraîneur, doit s'ajouter à tout cela une bonne gestion de son propre ressenti, qui rejaillit inconsciemment sur l'athlète. Je propose également d'autre modes de communication et de compréhension de la problématique à dépasser pour le sportif et son entraineur.

Les techniques que j'utilise combinent la somato-thérapie, l'ostéopathie douce Poyet, l'auriculothérapie, le système Reineit avec parfois un zeste d'hypnose.

Egalement dans cet accompagnement, la gestion de l'après compétition. Un sportif fleuretant avec les états d'excellence, doit savoir revenir au présent. Redescendre du « petit nuage » en quelque sorte.


Un peu d'imagination...

Imaginons une finale de coupe du monde où il serait intéressant que l'équipe adverse perde son meilleur joueur.

En se documentant quelque peu sur la vie de ce joueur ne serait-il pas possible, en amorçant avec quelques mots presques anodins, et en poursuivant avec ce langage secret, de le faire sortir de ses gonds ?

Quel serait les effets d'un tel langage sur ce joueur ? La colère pourrait-elle enflammer son inconscient sans être contrôlable ? Et surtout, sans raison apparente, serait-elle gérable ? Ne pourrait-elle pas se traduire par une explosion violente ?

Il me semble avoir vu Valentino Rossi porter le maillot d'un certain joueur au lendemain d'une finale de coupe du monde. Il parait même qu'il est ami avec ce même joueur. D'ailleurs cette année sa moto est parfois aux couleurs de la squadra azzura, l'équipe de football italienne. Bien sûr, tout ceci n'est que hasard, mais peut-être serait-il intéressant de creuser la question...

Cette question reste en suspend, toutefois une telle communication ne peut se faire qu'au préjudice des deux jeunes pilotes français de la catégorie : Sylvain Guintoli et Randy de Puniet.



Juillet 2008                                                                                                                                           Pierre André Bolle



(*) Des interprétations empruntant d'autres chemins explicatifs peuvent être avancées. L'important est de noter qu'elles aboutissent au même point : un pouvoir d'interdiction est mis sur la tête du jeune homme.


(*) René Girard (théorie mimétique) - Jean-Michel Oughourlian (Genèse du désir carnetsnord - 2007).

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commentaires

F
Pierre,<br /> <br /> Je viens de lire ton article ... FABULEUX ... je suis sur la même "longueur d'ondes" que toi, je crois beaucoup à la force du mental et du spirituel sur le physique. Quand je parle de spiritualité, je ne parle pas de religion, car pour moi la religion au contraire empêche notre propre épanouissement spirituel en nous enfermant dans ses dogmes, en nous imposant ces règles. Je crois en une force divine, un Grand Architecte de l'Univers, dont nous sommes issus et qui nous donne des clefs de notre propre divinité, par les symboles, les chiffres, le Verbe. "Cherches et tu trouveras" ... "Demandes et tu recevras" ... <br /> <br /> La force des symboles est très forte pour orienter notre vie, les déchiffrer, les comprendre et ainsi s'en servir pour avancer. Descartes et nombre de philosophes et scientifiques ont "bloqué" l'homme dans son évolution. Il reste des mystères que nous refusons de voir, l'intuition, le ressenti, la croyance sont autant de forces vives pour que nous progressions vers notre but. Je ne crois pas au hasard, « Mektoub » disent les Arabes, « Tout est écrit », mais c’est écriture secrète est chiffrée, nous devons décoder les signes de la vie pour avancer. <br /> <br /> J'ai bien aimé également ton analyse entre notre part de féminité et de masculinité... l'être "parfait" serait celui qui combinerait les qualités des deux sexes... ce n'est pas par hasard sir les anges n'ont pas de sexe... car ils sont le symbole de l'être parfait avec toutes les qualités des deux sexes... grâce à cette qualité ils sont les intermédiaires entre l'homme et Dieu...<br /> <br /> Je pourrai te parler des heures de tous ses sujets qui me passionnent, ton texte fait résonner en moi mes propres croyances …. BRAVO
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